Dessin de Jacques Joseph Léopold Loustau
Jacques Joseph Léopold Loustau né le 26 mai 1816 à Sarrelouis en Allemagne et mort le 4 juin 1894 à Paris, est un peintre français sourd du XIXe siècle, élève des célèbres peintres Hersent et Léon Cogniet.
L’événement historique du dessin que j'ai pu trouver:
Arrêté le 26
août 1792, sous l'inculpation d'avoir donné asile à des prêtres dits réfractaires,
il fut incarcéré.
Pendant
qu'un horloger de la rue des Petits-Augustins, le citoyen Monnot, membre du
Comité civil de la section des Quatre-Nations,
dîne chez un de ses amis, il entend tirer le canon d'alarme. Instruit, par son
fils, du massacre qui a lieu dans les prisons, il vole à son poste et entre au
Comité non sans courir les plus grands périls. Au nom de l'abbé Sicard, il
s'informe de l'habit qu'il porte, et il le cherche parmi les victimes.
«Est-ce toi,
lui demande-t-il, qui te nommes Sicard?
—Oui, c'est
moi.
—Eh bien!
mets-toi derrière moi, je réponds de ta vie.»
Cependant,
une vingtaine de sicaires réclament à grands cris la tête de l'instituteur. Le
généreux horloger lui fait un rempart de son corps.
«Voilà,
dit-il à celui qui se prépare à l'immoler, voilà la poitrine par laquelle il faut
passer pour arriver à la sienne. C'est l'abbé Sicard, un
des hommes les plus utiles au pays, l'instituteur et le père des sourds-muets!»
—«C'est
égal, c'est un aristocrate.
—«Eh bien!
vous me passerez tous sur le corps avant d'arriver à lui. Frappez!»
Et le
courageux citoyen découvre sa poitrine.L'arme tombe
des mains du meurtrier.
L'abbé
Sicard, que son sang-froid et sa tranquillité d'âme n'abandonnent jamais, monte
sur une croisée de la salle du Comité, donnant sur la cour intérieure que remplit
une tourbe effrénée, et lui demandant un moment de silence, il la harangue ainsi:
«Mes amis,
celui qui vous parle est innocent; le ferez-vous mourir sans l'entendre?
—Tu étais,
s'écrient-ils, avec les autres que nous venons de massacrer; tu es donc coupable
comme eux.
—Écoutez-moi
un instant, réplique-t-il, et si, après m'avoir entendu, vous décidez ma mort,
je ne m'en plaindrai point: ma vie est à vous. Apprenez d'abord qui je suis, ce
que je fais, et puis vous prononcerez sur mon sort. «Je suis
l'abbé Sicard (exclamation de plusieurs spectateurs); j'instruis les sourds-muets
de naissance, et comme le nombre de ces infortunés est plus grand chez les pauvres
que chez les riches, je suis plus utile à vous qu'aux riches.»
Alors une
voix s'élève des rangs à laquelle répond un écho immense.
«Il faut
sauver l'abbé Sicard, crie-t-on de toutes parts; c'est un homme trop honnête
pour le faire périr. Sa vie est consacrée tout entière à de grandes œuvres; il n'a
pas le temps d'être un conspirateur.» A ces mots, les bourreaux pressent
l'instituteur dans leurs
bras sanglants, et protègent sa personne de leurs instruments de mort en lui
proposant de le reconduire en triomphe à sa demeure. Mais il persiste à ne pas
vouloir accepter une telle ovation, préférant ne devoir sa vie et sa liberté
qu'à un jugement légal d'une autorité compétente. Aussi est-il ramené au Comité
où il retrouve son libérateur. Ayant su son nom et son adresse, il écrit le 2
septembre 1792 de l'Abbaye Saint-Germain à Hérault de Séchelles, président de
l'Assemblée législative, la lettre suivante:
«Citoyen
président,
«L'assemblée
nationale n'apprendra pas sans douleur
le massacre
de citoyens qui, détenus depuis plusieurs jours à la chambre d'arrêt de la
mairie, ont été transférés à celle de l'Abbaye Saint-Germain-des-Prés. Je
m'empresse de faire entendre la faible voix de ma reconnaissance en faveur du
citoyen courageux à qui je dois la vie.
C'est
Monnot, horloger, rue des Petits-Augustins.
«Dix-sept
infortunés venaient d'être égorgés sous mes yeux; la force publique n'avait pu
les sauver. J'allais périr comme eux; ce brave citoyen s'est placé devant moi,
il a découvert sa poitrine et a dit:
«Voilà,
concitoyens, la poitrine qu'il faudra traverser avant d'arriver à celle de ce bon
citoyen: vous ne le connaissez pas, mes amis! vous allez le respecter, l'aimer,
tomber aux pieds de cet homme sensible et bon quand vous saurez son nom; c'est
le successeur de l'abbé de l'Épée, l'abbé Sicard.»
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