vendredi 19 juin 2015


Lithogravure de Joseph COCHEFER (1849-1923)

La rencontre de l'abbé de l’Épée et des jumelles sourdes. La providence indique à l'abbé le chemin conduisant aux deux jeunes filles. Celle-ci, occupées à des travaux d'aiguilles, n'entendent ni ne voient arriver leur libérateur. Inscription en bas à droite : "Charles-Michel de l'Espée désigné pour délivrer les sourds-muets".
 


Lithogravure par Ferdinand BERTHIER (1803-1886)

Élève puis professeur à l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris, à l'age de vingts ans. Cette œuvre troublante aux confluents de la pensée religieuse, de l'anthropologie et de la psychanalyse, renvoie à la péjoration de la parole - "Ce qui sort de la bouche, c'est ce qui souille l'homme" (Mathieu 15,11), "Que n'avez-vous gardé le silence?" (Job 13,5), la tête du serpent pointe vers l'oreille, le personnage tend un masque mortuaire : "Comme si, pour Berthier, parole et audition représentaient la mort" 
(Aude de Saint-Loup, historienne, dans une lettre à l'auteur).


 


Joseph COCHEFER (1849-1923)

Ancien élève de l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris, à la fin de sa scolarité, il entre à l'école des Beaux-Arts dans l'atelier de Dumont. Sculpteur de talent de formation, artiste graveur-décorateur.

-Deux Ibis médaillé. (je manque d'infos.)

Président-fondateur en 1879 de la Société d'Appui Fraternel des sourds-muets de France, c'est une société de retraite qui, moyennant 1 franc par mois, s'engage à servir à ses adhérents une petite pension au bout de vingt années de versement. (source BNF)

-Officier d'Académie
-Lauréat de la Société d'encouragement au bien.








Pie VII (1742-1823), Pape de 1800 à 1823. Visita, le 25 février 1805, à l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris et assista à une séance de l'abbé Sicard.

On suppose que la séance se déroula dans la salle des fête de l'Institut Saint-Jacques (ancien théâtre).   

Lithogravure (aucune signature) d'après un tableau ...

Joseph-Eugène ALLIBERT (1815-1861)

Allibert, Joseph-Eugène, sourd-muet, né à Digne le 9 mars 1815, fils de Allibert Pierre-Paul-Antoine. élève à l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris et également professeur dans le même institut, a publié plusieurs rapport remarquable sur la statistique et les moyens d’améliorer la condition des sourds-muets en France et à l'étranger.

Il est un des fondateurs et secrétaire de la Société centrale des sourds-muets dont le but philanthropique a attiré l'attention de tous les gouvernements sur ces infortunés.

Élevè à Saint-Jacques, il provoque l'étonnement du Dr Itard en lui prouvant qu'il avait des idées sur le monde avant le début de son instruction. [...] Sa signature figure sur les deux pétitions des élèves lors de la révolte à Saint-Jacques en 1830 [...] Il rendra compte de la tentative d'Itard de le faire parler dans une lettre très critique à l'égard de son mentor, adressé à l'Académie impériale de médecine. Il y témoigne de l'incapacité d'Itard de communiquer avec lui en langue des signes, Berthier seul étant capable de lui expliquer les textes des grands auteurs, de La Fontaine à Voltaire. [...] En 1841, il est professeur suppléant à l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris. Membre active de la Société centrale, dont il est secrétaire dès la création; il est l'un des commissaire des banquets en 1841 et 1842. En 1843, il proteste contre le fait des organisateurs des salons ou sont régulièrement exposées des œuvres des sourds-muets, refuse de mentionner cette qualité à coté de leurs noms. Discours au banquet 1846. Au banquet de 1847, il ouvre une pétition au roi Louis-Philippe, pour que Berthier soit décoré de la Légion d'Honneur. Il préside le banquet de 1851 et celui de 1856.
(source https://books.google.fr)



mercredi 17 juin 2015

Autoportrait de Georges FERRY peint en 1911

Autoportrait de Georges FERRY, don en 1912, élève d'Eugène hillemacher (1818-1887) et d'Alexandre Cabanel (1823-1884)



Marie MEUNIER (1806-1877)

Meunier, Mlle Marie-Jeanne-Thérèse, sourde-muette, enfant trouvée, élève, puis monitrice, puis 1er ouvrière lingère de l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris, à laquelle elle a légué 741 francs de rente, fruit de ses économies pour payer chaque année le trousseau d'un enfant sourd-muet pauvre, c'est-à-dire de ses longues et persévérantes privations. Cette pauvre fille, modèle de toutes les vertus, fait grand honneur à la maison de l'abbé de l’Épée.

Je rends hommage à cette grande dame.

Portrait peint part Viala. T.

Texte trouvé écrit par Théophile Denis. Conservateur du Musée universel des sourds-muets de Paris.



Le 11 mai 1806, l'hospice des Enfants-Trouvés recueillait une petite fille qui reçut le nom de Marie Meunier. On ne tarda pas à s'apercevoir que la pauvre abandonnée était sourde-muette de naissance.



Marie fut élevée dans l'asile jusqu'à l’âge de quinze ans. Elle s'y montra si docile, si laborieuse, si intelligente, que l'administration eut la charitable inspiration de la faire entrer dans l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris, alors affectée aux élèves des deux sexes.



Elle y fut admise le 15 Janvier 1821.



Pendant les six années que durèrent ses études, Marie se fit remarquer par sa conduite exemplaire, par l'exquise douceur de son caractère et par son ardent amour du travail. Aussi ne pouvait-on songer à congédier cette vertueuse fillette qui, sans famille et sans appui, n'aurait su de quel côté diriger ses pas.



Elle fut donc retenue dans l'établissement de la rue Saint-Jacques en qualité de monitrice. Sa joie fut grande le jour où ce titre lui fut accordé. Mais quelle félicité n'éprouva-t-elle pas lorsqu'elle toucha la première des faibles gratifications dont on rémunérait alors les services de la monitrice ! D’où lui venait cette passion subite de l'argent? Avait-elle de futiles caprices à satisfaire? Le gout de la toilette se réveillait-il en elle comme une des aspirations naturelles a la jeunesse'?

Non... Ce premier argent lui apportait enfin l'espoir de pouvoir réaliser le rêve sublime qui allait occuper toutes les minutes de sa vie. Cet argent, elle le caressait des yeux avec la fièvre de l'avare, elle le cacha avec des précautions infinies, gardant ce minuscule trésor avec les plus troublantes anxiétés.



Marie devint maitresse d'ouvrage. Des appointements étaient attaches a cette fonction. Qui saura jamais les jouissances de la pauvre fille, entassant dans sa cachette les petites sommes qui lui étaient régulièrement servies chaque mois? Son rêve sortait de plus en plus des limbes de l’imagination, elle le voyait se développer sous des formes réelles qui allaient toujours en grandissant.



Notre chère avare ne se fut point pardonné de toucher si peu que ce fut, sans une absolue nécessite, a ses précieuses épargnes. Ne franchissant jamais le seuil de l'institution, elle se tenait à l'écart de tous les appétits que peut faire naitre la vue des choses du dehors. Ses seules jouissances étaient les privations, car les privations la menaient a son but. Renonçant énergiquement a toutes les douceurs matérielles, elle se contentait d'ajouter à l'âpre plaisir d'amasser celui de se faire aimer de ses élèves et de tout le personnel de la maison.



Et ce fut ainsi durant cinquante années.



Marie Meunier avait fait un testament, digne couronnement de sa vie de sacrifice et de dévouement.



Elle ne laissait pas des millions, la pauvre enfant trouvé, née dans la noire misère et l'affreux abandon (elle léguait à l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris 741 francs de rente).



Mais où est le testament qui vaille celui-ci?



En voici le texte :



« Je fais ce legs a l'institution de Paris par reconnaissance du bien qui m'a été fait, non seulement en m'accordant le bienfait de l'instruction et en m'attachant ensuite comme maitresse à la maison des sourdes-muettes, mais aussi en me conservant dans l'institution à titre d'attachée a la lingerie, lors de la translation des élèves sourdes-muettes à Bordeaux.



Cette rente est le fruit de mes économies amassées pendant a peu du jour ou fait reçu ma première gratification et augmentés depuis que je touche des appointements réguliers. C'est avec bonheur que je faisais ces économies, en pensant qu'un jour elles pourraient aider de pauvres enfants à recevoir le bienfait de I 'éducation qui m'a été généreusement accordée... »



Les membres de la Commission consultative de l'institution nationale ont été émus jusqu'aux larmes en prenant connaissance de cette disposition. On retrouve les traces de cette émotion dans la délibération suivante, du 10 mai 1877 :



...La Commission exprime ses sentiments de vive reconnaissance pour la mémoire de la bienfaitrice qui, sourde-muette elle-même et abandonnée par ses parents, qu'elle n'a jamais connus, s'est privée, chaque jour, pendant de longues années, d'une part de son modeste traitement en vue de cet acte de générosité. »



Aucun éloge ne saurait s'élever à la hauteur de l'admirable abnégation de cette femme de bien, dont l’âme, on peut le dire, s'était trempée dans l’âme de l’abbé de l’Épée.



Ernest DUSUZEAU (1846-1917)

Il est l'un des militants sourds de France à la belle époque, né le 26 janvier 1846 à Compiègne et mort le 4 mai 1917 à Paris. Il est connu pour le surnom Gambetta des sourds-muets pendant le congrès international des sourds-muets.

Devenu sourd à l'age de quatre ans, Ernest est instruit par son père, professeur de mathématique, puis il étudie au collège de Compiègne. En 1858, il entre l'Institut Impériale des Sourds-Muets de Paris. Il obtient le Baccalauréat ès-Science à l'age de dix-neuf ans. Ernest s'occupe d'abord comme moniteur en 1863, puis l'aspirant-répétiteur en 1865 ensuite répétiteur en 1871. Et enfin, il devient professeur titularisé de mathématique en 1874. Lors du troisième congrès international sur l'éducation des sourds, à Milan, en 1880, au terme de débats entre entendants au sujet des modes d'éducation des jeunes sourds, sans aucune consultation des sourds, l'éducation orale est choisie au détriment de l'éducation en langue des signes. Ce Congrès provoque des licenciement des professeurs sourds donc Ernest est mis en retraite d'office à l'age de 42 ans.

Ernest est le président de nombreux associations: Association Amicale, Fédération des Sociétés, Alliance Républicaine. Et il est également le président d'honneur du congrès international des sourds-muets de 1889 puis président de la section de sourds-muets du congrès international des sourds-muets de 1900 et 1912. Lors du Congrès de 1900, il défend la langue des signes : "Nous demandons qu'une chose: c'est que notre langue naturelle, le langage des signes, ne soit pas sacrifié au langage articulé"

Cet homme est surnommé le Gambetta des sourds-muets. Ernest est emporté par une maladie le 4 mai 1917.
[source wikipédia]

Ernest Dusuzeau, en 1912, lors d'un congrès sur l'éducation de l'enfant sourd, à Roubaix, a évoqué en ces termes:

"Les Français, les Anglais, les Allemands, les Russes, les Chinois ont une langue à eux. Et nous en avons une aussi à nous, le langage des signes! Et nous devons en être fiers..."

[source sur la Mémoire de Thèse d'histoire de Yann Cantin]

Un grand parmi les grands dans le monde des sourds.