jeudi 7 mai 2015


Fernand-Joseph-Job HAMAR (1869-1943)

Fernand Hamar naquit à Vendôme (Loir et Cher), le 15 juillet 1869, né bien entendant, il fut atteint de surdité par suite de maladresses, pendant la guerre de 1870. Tout enfant, il était chez sa nourrice au hameau du Temple, au dessus de Vendôme quand, à leur arrivée, les Prussiens ont installé leurs canons à 500 mètres de la demeure de celle-ci. L'enfant eut le tympan abîmé par le bruit et le souffle des canons, ce sont les raisons que la famille connait de cette infirmité.

Il fut envoyé vers l'âge de 9 ou 10 ans à l'Institut National de Sourds-Muets, rue Saint-Jacques à Paris. Il y apprit la sculpture et entra à l’École Nationale des Arts Décoratifs pour s'y perfectionner de 1888 à 1890. Il fut ensuite reçu à l’École des Beaux-Arts.  
 Le Fauconnier (collection INJS de Paris)
Bronze, haut de 25cm

Sociétaire des Artistes français dès 1894, il remporte en 1895 une médaille de 3e classe avec le Fauconnier.

Il réalisa aussi une statue en fer pour la ville de Resistencia, capitale de la province du Chaco en Argentine, à la Plaza 25 de Mayo.

 Et ainsi qu'une autre pour la ville de New-York, au Rockefeller Plaza.


Statue du Maréchal de Rochambeau à Vendôme réalisé le 4 juin 1900 par Fernand Hamar
 

Cette statue du Maréchal de Rochambeau ( bras droit de Lafayette pendant l’indépendance des États-Unis) est aussi érigée par Fernand Hamar en 1902 à Washington DC, derrière la maison blanche dans le jardin publique, Lafayette Square. Inauguré le 24 mai 1902 avec le Président des États-Unis Théodore Roosevelt et sa femme. Donc, on peut dire que Mr Fernand Hamar est un grand artiste sourd français...


 Paul-François CHOPPIN (1856-1937)

Il perd l’ouïe à l'age de deux ans et reste sourd-muet sa vie durant. il étudie à l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris, à l’École Nationale des Arts Décoratifs puis à l'école national des Beaux-Arts. En 1904, il épouse Marie Célina Reuché, artiste peintre miniaturiste. Élève de Jouffroy et de Falguière, il débute au salon de 1877 et devient sociétaire des Artistes français en 1886. Il présente trois fois au salon son projet du "Volontaire", d'abord en 1888 sous le titre "Un vainqueur de la Bastille", puis l'Exposition Universelle de 1889: "Un Volontaire de 92", et enfin en 1898 : "Un Enrôlé de 1792". Choppin expose au Salon jusqu’en 1923. Il enseigne son art à Paris. Douglas Tilden, sourd comme lui, est son élève.


Une statue en bronze dans le parc Mont-Souris (Paris 14eme) inaugurée en 1897, elle n'existe plus, détruite par l'armée allemande sous l'occupation de 1940 à 1945.
"Portrait de Ferdinand Berthier"
De Cyprien Briot peint en 1853

Il me manque des informations sur le peintre Cyprien Briot (1832-1888).

Ferdinand Berthier, de son vrai nom Jean Ferdinand Berthier, né le 30 septembre 1803 à Louhans en Saône-et-Loire et mort le 12 juillet 1886 à Paris, est le doyen des professeurs sourds à l'Institut de Paris, membre de la Société des gens de lettres, fondateur de la Société centrale des sourds-muets de Paris en 1838, devenue la Société universelle des sourds-muets en 1867, cofondateur de la Société d'éducation et d'assistance pour les sourds-muets en France en 1850. Il est renommé "Napoléon des sourds-muets" par Victor Hugo puis par les sourds.

Ses écrits défendent la langue des signes et les sourds qu'il appelle "mes frères", faisant connaître l’œuvre de l'abbé de l’Épée auprès des sourds et des entendants du XIXe siècle. Il fut le mobilisateur de la culture sourde. Il ne cesse de revendiquer le droit pour les sourds de pouvoir  utiliser la langue des signes en toutes circonstances (à l'école, au tribunal, etc.) afin d'accéder à l'égalité civile. Il fait connaître également les artistes et les poètes sourds.

Louis-Napoléon Bonaparte lui remet la Légion d'honneur en 1849. (source Wikipédia)

Lithogravure d'Auguste COLAS
Louis-Auguste Colas (1845-1915), né sourd-muet, peintre de portraits et de sujets historiques, il fut l'élève de Louis Achille Sirouy et de Levasseur. Membre de la Société des Artistes Français, il reçoit une mention honorable en 1887, une médaille de troisième classe en 1889, une mention de deuxième classe en 1914. Ancien élève et enseignant à l'Institut National des Jeunes Sourds de Paris. Il avait un frère, Victor Auguste, également sourd et lithographe qualifié. Il a reproduit le profil représentant l'Abbé de l’Épée, interprété par Paul Grégoire en 1776. La lithogravure présenté est l'une des plus belles lithogravure (c'est ma préférée :)).
Statue (nom inconnu) hauteur 47cm, plâtre.
(on pense que la statue présenté est de sa fille ou sa petite fille décédée)


Charles Félix Martin (1844-1916), sculpteur sourd-muet, il est né à Neuilly dans une excellente famille bourgeois. Il est l'élève aux Beaux-Arts de Jules Cavelier (1814-1894). De 1865 à 1869, il fréquente l’École de Rome dont il sort second accessit. Il expose au Salon assez régulièrement entre 1876 et 1906 des statues à l'antique (seuls les douze travaux d'Hercule ont un vague rapport avec le Grand Ferré), et des statues héroïques (la mort de Bara 1881, aujourd'hui au musée de Rouen). Sa clientèle est variée, il fait de nombreux bustes en plâtre de médecins ou d'amis de la famille, des hauts-reliefs pour les églises et quelques rares commandes d’État. Après 1883, il travaille pour les statues monumentales qui vont orner le nouvel Hôtel de Ville ou les couloirs de l'Opéra Garnier. C'est donc un sculpteur apprécié (il reçoit la Légion d'honneur en 1879)

La sculpture "Chasse au Nègre" est l'une de ses œuvres essentielles. C'est également un témoignage rare et fondamental de l'histoire de l’abolitionnisme. Acquis par l’État et envoyée au musée d’Évreux, l'inscription a été enlevée et détruite. Au bénéfice de "la conscience nationale et de la doctrine coloniale", l’œuvre engagé de Félix Martin est totalement dénaturée.

mercredi 6 mai 2015

Sicard au milieu d'un groupe d'élèves
Tableau de Jérôme Martin Langlois, datant de 1806. Jérôme Langlois (1779-1838), peintre français néo-classique fut un élèves de David, prix de Rome en 1809.
Commande de l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris, ce tableau représente L'abbé Sicard au milieu d'un groupe de jeunes filles, Jean Massieu est à sa gauche; Une élève prononce des mots en réponse à la pression que Sicard exerce sur son poignet et sur son avant-bras. Massieu, à l'arrière plan, désigne sur le tableau noir la phrase : "Moyen de faire articuler des sons au moyen de la  pression". En 1989, au cours des travaux de restauration, est apparue une autre inscription, "la mémoire est la reconnaissance du cœur" délibérément occultée jusqu'à là... Il s'agirait d'un repentir. La première version du peintre contenant cet aphorisme, prononcé par Jean Massieu lors d'un exercice public, n'aurait pas été validée par l'Institution. Il aurait été demandé au peintre de le remplacer par une phrase mettant davantage l'accent sur l'abbé Sicard et la scène décrite au premier plan du tableau.
Jean Massieu, sourd (1772-1846). Il est né à Semens, (en gironde), au sein d'une famille pauvre, dans une fratrie sourde composée de deux frères et de trois sœurs. Il est entré à  l'Institut de Bordeaux à l'age de treize ans et l'abbé Sicard s'est tout de suite intéressé à lui. Il l'emmena à Paris afin de passer un concours pour désigner le premier instituteur de l'Institution des sourds-muets et des aveugles de Paris. Grâce à Massieu qu'il surnomma son "chef d’œuvre", l'abbé Sicard fut choisi pour le poste. Nommé répétiteur en 1790, Jean Massieu devint le premier sourd à accéder à cette charge. Il fut le professeur de Laurent Clerc qui partit fonder une école pour enfants sourds aux États-Unis en 1816. En 1823, un an après la mort de l'abbé Sicard, Jean Massieu partit pour Rodez où il se maria, puis devint directeur d'une école privée à Lille. Il y mourut en 1846, à l'age de soixante-quatorze ans.
Roch Ambroise Auguste Bébian 1789-1839
Œuvre de Gustave Chassevent-Bacques (1818-1901), peintre, pastelliste, fut un élève de Léon Cogniet. Il a peint des scènes religieuses et orientalistes, et surtout des portraits au pastel, qu'il exposa au Salon à partir de 1845.
Ce tableau représente Roch Ambroise Auguste Bébian (entendant) (1789-1839). Il est né en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, dans une famille aisée de négociants. Cela lui permit de partir pour Paris dès l'age de douze ans. Filleul de l'abbé Sicard, il s'installa à l'Institution Royale des Sourds-Muets de Paris et s'intéressa rapidement aux sourds et à leurs langue des signes. En 1816, il fut nommé répétiteur à la place de Laurent Clerc partant pour les États-Unis. En 1819, l'abbé Sicard le nomma censeur des études. En 1821, il fut évincé de l'Institution à cause de différents avec certains professeurs et avec le conseil d'administration. Il tenta alors de fonder une école privée à Paris en 1836, mais ce fut un échec. Il dirigea brièvement l'école de Rouen de 1832 à 1834 avant de regagner la Guadeloupe où, malade, il mourut le vingt-quatre février 1839 à l'age de cinquante ans.
Auguste Bébian fut le promoteur d'une éducation bilingue (langue des signes, langue française). Nous retiendrons de lui les écrits suivants : en 1817 : "Essai sur les sourds-muets et sur le langage naturel, ou introduction à une classification naturelle des idées avec leurs signes propres". En 1825 : "Mimographie ou essai d'écriture mimique propre à régulariser le langage des sourds-muets". Et en 1827 : "Manuel d'enseignement pratique des sourds-muets".
Les derniers moments de l’Abée de L’Épée.

Tableau de Frédéric Peyson (1807-1877), datant de 1839. Peintre sourd-muet de Montpellier, il fut un élève de Coignet, d'Hersent et d'Ingres.

Ce tableau représente l'abbé de l’Épée bénissant ses élèves sur son lit de mort. L'abbé Claude Marduel (neveu et successeur de Jean Baptiste Marduel, curé de Saint Roch) est à son chevet. Jean Baptiste Marduel permit à l'abbé de l’Épée, jansénisme, d'utiliser la chapelle Saint Roch pour y exercer son ministère.

A ses côtés s'y trouve aussi une députation de l'Assemblée Nationale, dont Monseigneur Champion de Cicé, archevêque de Bordeaux.

On y voit aussi des parents, des élèves et même une jeune sourde venue, dit-on, de très loin, à pied pour se recueillir au pied du lit.

La phrase qui accompagne le tableau "Mourrez en paix, la patrie adopte vos enfants" rappelle le vœu du gouvernement révolutionnaire de faire désormais du devenir des sourds, une affaire nationale et de créer un établissement à cet effet.

L'acquisition de ce tableau fut proposée par Ferdinand Berthier mais l'Institution ne pouvant se permettre cette dépense, Frédéric Peyson l'offrit en juin 1845 et il fut placé dans la chapelle de l'Institution Nationale des Sourds-Muets de Paris. Il est actuellement placé dans la salle Sicard.